Club Foveon #12 – Keiichiro Muramatsu

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L’esthétique japonaise à l’honneur de ce nouveau numéro du Club Foveon  en compagnie du photographe Keiichiro Muramatsu qui, après un passage à Paris où ses compositions florales étaient exposées, a bien voulu répondre à nos questions.

 

Bonjour et merci d’avoir accepté notre proposition de présenter votre travail sur notre blog. Commençons par une présentation personnelle si vous le voulez bien.

Bonjour à tous les lecteurs du Club Foveon. Je m’appelle Keiichiro Muramatsu, je suis photographe, et je vis au Japon. Quand j’ai reçu ma première paye après l’université, mon premier achat était un appareil photo. J’ai alors découvert le plaisir de photographier ponctuellement “lumière” et “espace”, des choses auxquelles je suis sensible personnellement. J’ai ensuite été touché par la beauté des tirages Noir et Blanc lors de l’exposition photo d’un photographe local. J’ai alors rejoint son club photo et me suis mis à la photographie au Noir et Blanc, de la prise de vue au tirage. J’ai ensuite développé un intérêt pour la “double exposition”. Par exemple, je capturais l’image d’une méduse dans un aquarium avec une caméra vidéo pour photographier ensuite à plusieurs reprises les images renvoyées par l’écran de contrôle du caméscope, ou bien je surimprimais sur mes images des photos de paysages capturés en voiture la nuit. J’aimais tester différentes choses pour améliorer ma technique coté tirage. J’ai envisagé d’apprendre la photo en France mais ça ne s’est pas fait. A la place, j’ai rejoint un programme d’apprentissage à Vancouver, au Canada. Quand je suis revenu au Japon, j’ai été embauché dans un studio photo pour ensuite devenir indépendant en 2008. C’est alors que j’ai fondé “The Fourth Avenue Studio” à Hamamatsu, dans la préfecture de Shizuoka. J’y faisais essentiellement du portrait. En 2014, j’ai aménagé un atelier où je suis retourné à une forme plus artistique de photo, autour du thème des fleurs. Ce travail a été exposé à la galerie Marie-Robin à Paris en 2015. Je continue ce projet depuis.


Pourquoi avoir choisi les fleurs comme thème de ce travail ?

Mon intérêt pour les fleurs, et plus particulièrement la composition florale, m’est venu suite à la lecture de Un jour, une fleur de Toshiro Kawase. J’ai été sincèrement ému par cette connexion au “coeur de la nature” à travers l’arrangement et la présentation des fleurs. Mais par dessus tout, j’aime les fleurs sauvages. La spécificité de chaque saison est quelque chose de très précieux pour les japonais. La forme que prend une fleur ou un arbre porte en elle son histoire, et cela suscite une interrogation poétique. A l’ombre d’un arbre peuvent discrètement percer coquelourdes, marguerites et muguet—c’est un spectacle très gracieux. Et puis il y a le lotus, que j’ai photographié. J’ai utilisé un Lotus récolté dans un champ de la ville de Hamamatsu. La fleur de lotus a un côté très viril et puissant pendant son développement, depuis la forme de son bourgeon jusqu’à sa disparition, mais témoigne également d’une grâce typiquement féminine. Le mystère qui entoure un champ de lotus au petit matin ainsi que son odeur épicée typique sont des éléments qui ajoutent encore à l’attirance que je ressens pour le Lotus. Les feuilles du Lotus passent par de nombreux stades et jusqu’à fin, quand la plante s’évanouit, celles-ci dégagent une atmosphère fascinante.

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Ce type de composition est assez rare en France. Pouvez-vous nous en dire plus ? Travaillez-vous seul sur ce projet ?

Les fleurs qui jalonnent mon travail photographique sont des fleurs sauvages que je découvre et cueille moi même. Je les dispose ensuite en m’arrangeant pour qu’elles aient l’air d’avoir été simplement déposées dans un vase. J’essaye d’éviter au maximum d’avoir recours à des épingles ou autre artifices généralement utilisés pour la composition florale. Je fais tout moi même de la composition à la présentation. Dans d’autres travaux, j’ai présenté des fleurs dans des vases réalisés à base de tuyaux et autres amas d’acier. Je les ai également réalisés personnellement.

Pourquoi avoir choisi les boîtiers SIGMA pour ce projet ?

J’ai utilisé ici les dp2 Merrill et dp3 Merrill. J’ai tout d’abord été séduit par la possibilité de capturer les images en “couleurs vraies” à l’aide des trois couches du capteur, le capteur Foveon est le seul à faire ça. La fidélité au propos, jusque dans les plus fins détails du sujet, de la lumière et de l’espace amène le spectateur exactement face à ce que j’ai vu et ressenti, ce qui est très important dans mon travail. L’impression de tirages d’art est également grandement facilité par la définition de 46 millions de pixels du capteur. J’avais utilisé les SD10 et SD14 avant le Merrill mais l’augmentation de la définition a encore amélioré le niveau de fidélité. Ensuite, le fait que le couple objectif/capteur soit fait d’un seul bloc promet un calibrage et une relation entre les éléments la plus optimale possible. Je crois que cela a influencé ma pratique photographique en m’offrant plus de potentiel et une certaine sérénité. Pour finir, l’absence de miroir entre l’objectif et le capteur réduit les vibrations pendant la prise de vue. Je travaille uniquement en lumière naturelle et dans les plus bas ISO possibles et de fait les temps de pose peuvent parfois être un peu longs. Ne pas me soucier des vibrations a été un autre élément décisif pour moi. Quant au logiciel “SIGMA PHOTO PRO” dédié, il est très intuitif et m’a permis d’exprimer ma créativité et de reproduire ce que j’ai vu de manière naturelle. Et les images produites sont au delà de ce que je peux espérer. Pour finir, le mode monochrome offre une palette de possibilités qui permet de réaliser des Noir et Blanc splendides et très crédibles. Voilà les raisons pour lesquelles j’ai choisi les boîtiers SIGMA pour mon travail.

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La première série présentée ici est très sombre alors que la seconde est beaucoup plus lumineuse. Quel est le message derrière cette évolution ?

Ces séries se rapportent à la notion de lueur dorée décrite dans le roman Eloge de l’ombre de Junichirô Tanizaki.

“Maintenant, allez jusqu’à la pièce la plus reculée, tout au fond d’un de ces vastes bâtiments ; les cloisons et les paravents dorés, placés dans une obscurité qu’aucune lumière extérieure ne pénètre jamais, captent l’extrême pointe de la clarté du lointain jardin dont je ne sais combien de salles les séparent : n’avez-vous jamais aperçu leurs reflets irréels comme un songe ? Ces reflets, pareils à une ligne d’horizon au crépuscule, diffusent dans la pénombre environnante une pâle lueur dorée, et je doute que nulle part ailleurs l’or puisse avoir une beauté plus poignante. (…) Nos contemporains, qui vivent dans des maisons claires, ignorent la beauté de l’or. Mais nos ancêtres qui habitaient des demeures obscures, s’ils éprouvaient la fascination de cette splendide couleur, en connaissaient aussi bien les vertus pratiques. Car dans ces résidences chichement éclairées, l’or sans doute aucun jouait le rôle de réflecteur. (Eloge de l’ombre, de Junichirô Tanizaki. Traduction de René Sieffert. Editions Verdier (6 mai 2011). ISBN-10: 2864326523. ISBN-13: 978-2864326526. Page 50)

La première série se concentre sur la beauté pensive qui vient de la lueur dorée. Cette série a été présentée à la Galerie Marie-Robin à Paris pendant l’exposition qui était dédiée à mon travail au mois de juin 2017. J’étais donc à Paris au mois de juin et j’y ai découvert une lumière très forte et éblouissante. De retour au Japon, un jour, alors que la lumière qui passait à travers les vitres de mon atelier me procurait un sentiment semblable à ce dont je me souvenais de Paris, j’ai arrangé des fleurs et créé cette seconde série. Celle-ci a pour sujet les lotus tout en gardant à l’esprit les notions de mouvement et de taille précise (Concept esthétique japonais de  coupure & continuité : Kire 切れ)  qui accentuent le sentiment de contraste entre l’ombre et la lumière et mettent en avant l‘intensité et la capacité de réflexion de la lueur dorée.

Est-ce que cette série connaîtra une suite ?

J’aimerais continuer à explorer ce thème de la “lueur dorée” dans mon travail. En ce moment, je prépare des images mettant en scène de la roche et des fleurs.

Avez-vous d’autres projets que vous aimeriez partager ?

Deux séries, la première ”Moments in Paris”, du snapshot dans les rues de Paris, et “Le son de Paris” qui prend place dans le métro de la capitale. Ces séries ont toutes les deux été capturées au DP2 Merrill.


 

Merci à Muramatsu-san de s’être livré à l’exercice de l’interview et d’avoir partagé avec nous et à travers ses passionnants propos sa passion pour les fleurs et la photographie. Continuez le voyage sur internet :

The Fourth Avenue Studio
https://www.4th-ave-studio.com

Keiichiro Muramatsu Photography
http://www.keiichiromuramatsu.com

Galerie Marie Robin
http://galerie.marie-robin.com

Galerie Marie Robin (Artsy.net)
https://www.artsy.net/galerie-marie-robin/artist/keiichiro-muramatsu

 

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Son matériel
SIGMA fp L

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