2019 à été une longue année de périples et de voyages pour moi, et il m’a fallu une bonne partie de l’année 2020 pour récupérer toutes les images de mes cartes mémoires et de mes disques entassés au fil des mois dans mes tiroirs. C’est le problème de shooter en RED (RAW, 8K…). Mais grâce à ce format et à cette ultra haute définition, je peux ressortir des rushs vieux de 2016 et les intégrer sans problème à des productions et montages récents ! Confinement oblige, j’ai donc pu jeter un œil à cette série de voyages : Birmanie, Philippines, Polynésie, Papouasie, Bahamas, Nouvelle-Zélande et d’autres et les images non utilisées que j’en avais rapportées.
Outre les décors magnifiques et la claque que j’avais pris en Nouvelle Zélande, il y a quand même beaucoup de choses à raconter sur ma visite en Papouasie (Coté indonésien ou « West Papua ») et plus précisément à Raja Ampat. Considérée comme l’un des joyaux sous-marin en terme de biodiversité et de richesse corallienne, c’est une destination très prisée par les plongeurs, biologistes, moins par les touristes, car il faut enchaîner plusieurs vols et bateaux avant de rejoindre le cœur du parc marin où l’on trouvera très peu d’hôtels et de resorts, seulement quelques guest house. Ici il y a quelques frontières qui n’ont jamais été franchies et l’exploration reste encore à faire. Entre lac à méduses, plongées dans les mangroves, épaves d’avions américains de la guerre du pacifique, plongées avec les mantas et de longues marches à visiter la jungle… il faut absolument connaître l’association www.theseapoeple.fr qui entreprend la replantation de corail sur toute la région. J’ai d’ailleurs un projet de documentaire en développement depuis tout juste quelques semaines sur ce haut lieu de la plongée. Nous en saurons plus, passée la crise du Covid ! Un peu plus loin j’ai pu également visiter les Philippines et enfin la minuscule ile de Tubuai (Polynésie française), à la rencontre des baleines à bosse, avec l’apnéiste Pierre Frolla
Un peu comme d’habitude, pour ces destinations où il faut prendre plusieurs petits vols internes, se déplacer d’île en île, il a fallu revisiter mon sac à dos, car entre mon caisson RED qui fait minimum 15KG et mon matériel de surface + mon matériel de plongée pour être autonome, il n’est pas toujours facile de se déplacer aisément, sans parler du budget bagage, même si en général il est pris en charge par les productions.
Je m’équipe donc de ma RED + 18-35 ART mon combo parfait et polyvalent pour mes images immergées, j’ai même tenté un 14-24 dans mon caisson … En surface j’alterne donc entre la red (que je sors du caisson) et un boitier plus léger : Je choisi entre Canon 1DXMK2, BMPCC4K, Canon R6 et plus récemment le Sigma FP, dont je parlerai dans les prochains articles… . Je choisis de ne pas prendre mon deuxième boitier red, pour plusieurs raisons 1/ la taille des fichiers en surface (+ ceux tournés sous l’eau) me faisait prendre trop de disques durs et j’ai moins besoin du RAW et d’une super définition en surface que sous l’eau. 2/ Les batteries… celles de la Red sont 3 fois plus lourdes et tiennent moins longtemps. 3/ Sur un bateau, il est moins facile de dégainer un Canon ou un FP qu’une Red, dont le temps d’allumage avoisine les 1 minute… difficile d’être réactif !
Comme optique, c’est à chaque fois différent. Aux Philippines j’ai tenté un combo Ciné 18-35 + 50-100, puis différentes focales en ART : 35, 50, 85 … mais il me fallait aussi un outil polyvalent et léger. J’ai donc également emporté un 17-55mm EF qui couvrait mon capteur BMPC4K et qui s’adapte parfaitement à une configuration légère avec un gyro stabilisateur que j’utilise sur les bateaux pour des plans stables. Je n’ai pas d’image disponible du set up, mais voici quelques images réalisées avec. La capture d’images de ce type d’animaux est vraiment aléatoire, il y a des jours avec et des jours sans, l’attente est parfois interminable… Il peut se passer 4 jours avec un temps radieux sans que rien ne se passe et le dernier jour avant le départ quand la mer se démonte, les baleines pointent le bout de leur nez et restent avec nous pendant plusieurs heures. Dans ce cas là, entre les multiples mise à l’eau avec mon caisson red et les images stables à faire en surface j’ai besoin d’un kit déjà monté, près à l’usage et paré à toute éventualité : focales variables, coup de mer, pluie…
Pour les voyageurs et les opérateurs solos, le choix d’optiques dépend, selon moi, tout d’abord d’un critère ergonomique : poids + taille. Je peux avoir la meilleure optique du monde, si elle est trop lourde, longue à sortir de mon sac et que je sois obligé de sacrifier d’autres optiques pour l’emporter, cela ne me conviendra pas. Le deuxième critère, la polyvalence, dépendant de l’utilisation et des conditions. J’avais opté pour un combo cinéma aux Philippines, sachant que j’avais du temps pour réaliser les images, qui profiteraient d’un set bien organisé à chaque fois et d’un bateau confortable pour opérer sur une eau calme (car optiques non stabilisées et mes boitiers ne proposaient pas forcément de technologie IBIS). Pour la Polynésie, j’ai au contraire eu besoin d’être très mobile et réactif et ne pas avoir à changer trop souvent de caillou pour changer de focale. Je me tourne donc vers un set 24-70 (avec la stabilisation) et 70-200mm + une optique fixe pour les interviews et les plans plus graphiques. C’est difficile de trouver un kit stable et parfait, chaque tournage est différent. Évidemment, la qualité des optiques entrera dans la balance, mais chez Sigma la majeure partie des gammes ART et Ciné propose une image sans équivalent, je regrette parfois l’absence d’une fonction de stabilisation, mais nous trouvons aujourd’hui de plus en plus de capteurs stabilisés dans les boitiers. Je rajouterai que dans les pays tropicaux, particulièrement dans le milieu marin et en bateau, une optique tropicalisée permettra d’éviter de rentrer avec des champignons sur les verres ou de se soucier des embruns ou de quelques gouttes de pluie ou de condensation. Cela dit, je prend le temps chaque soir de passer un coup de chiffon sur tout mon équipement et je conserve l’ensemble dans mes sacs, fermés au sec et à l’ombre. Sans climatisation l’humidité est très forte même dans les accommodations… C’est paradoxal, mais mon 18-35 placé dans le caisson étanche, qui passe pourtant la majeure partie de sa vie sous l’eau, subit moins l’humidité que mes autres optiques …
Travailler seul avec des optiques cinéma (ici je parle du 18-35, 50, 50-100) est faisable et présente l’avantage -en video- d’un diaphragme manuel qui permet de rectifier l’expo en temps réel, lors de certains shot avec un très fort contraste et un mouvement de cadrage nécessitant un ajustement pendant la prise de vue, sans avoir l’effets « clic » des optiques photos. Pas d’autofocus sur la Red, donc aucun regret de ce coté là. Cependant, leur poids pèse dans la balance lors du choix final quand il s’agit de long périple. Je troquerais volontiers le 50-100mm contre un 70-200mm ou un 120-300mm mais les optiques dites « cinémas » sont une valeur sure dans le cahier des charges de certains clients et je me retrouve donc à tourner avec ces optiques parfois au milieu de nulle part. J’ajouterai que la standardisation de leur format permet l’intégration plus facile et rapide dans certains rigs et stabilisateurs…
Pour conclure, quand je voyage dans ce type de pays chaud, pour de la production en solo, qu’elle soit documentaire, ou simplement pour du stockage image je mise sur un choix d’optiques légères avant tout avec un choix de focale assez étendue, les ART sont tout a fait qualifiés pour cela avec en plus un super piqué et une grande ouverture constante. Pour les pays froids, c’est un peu similaire, mais ceci est une autre histoire !