Olivier Larrey explore les confins gelés de notre planète, de l’Arctique au Japon, avec une sensibilité rare. À travers un regard profondément humaniste et une esthétique marquée par le noir et blanc, il capte la beauté brute des animaux et des paysages du Nord. Armé de son 500mm Sigma en monture L, monté sur un boîtier Leica SL, il saisit la vie dans son intimité, à distance respectueuse mais avec une précision saisissante. Dans cet entretien, il partage avec nous sa démarche, ses convictions et nous présente quelques images de son dernier sujet au Japon.
Sigma France : Bonjour Olivier, pourrais-tu te présenter brièvement et nous parler de ton parcours pour les lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore ?
Olivier Larrey : Bonjour. Je suis photographe animalier professionnel depuis près de 15 ans avec une forte affection pour les régions froides : arctiques, antarctique, Finlande, Japon. Je photographie essentiellement la faune et les paysages en noir et blanc.

Quelles sont les influences artistiques qui ont façonné ton regard et nourri ta démarche photographique ?
D’abord mon père qui a réalisé des clichés en noir et blanc lorsque j’étais enfant et dont j’adore le rendu. Ensuite les gravures que j’ai pu consulter dans les livres de voyages du 18ième siècle dont mon père fait collection. Je pense que si je ne m’étais pas intéressé à la photographie, j’aurais aimé apprendre à dessiner au fusain, au crayon gras…







Tes prises de vue exigent sans doute beaucoup de patience. Quelle place accordes-tu au hasard dans la photographie de nature ?
Le hasard n’existe pas vraiment en photographie animalière à mon sens du moins pas complètement. Pas d’images singulières sans un temps très important sur le terrain. Après il y a des jours de disette, ils sont nombreux, et parfois des moments de grâce où les planètes s’alignent : le bons sujet, la bonne attitude, la bonne lumière.

Quelles émotions et messages cherches-tu à transmettre à travers tes images ?
Je cherche à montrer qu’il y a une beauté infinie sur notre planète. La photographie est un langage parmi d’autres qui permet de mettre en valeur les êtres vivants et leurs milieux en jouant largement sur les émotions. Je crois profondément en la force des images qui peuvent faire passer des messages très forts. J’ai parfois été touché aux larmes par des photos d’autres photographes.
Après, pour des actions qui résonnent dans le temps, plus que la photo, c’est ce que l’on fait d’elles qui importe à mon sens. Une exposition, un livre, un film et de nombreux échanges oraux permettent de partager une expérience, des idées, un message qui nous tient à cœur.

D’ailleurs, le tirage photographique semble jouer un rôle clé dans ton travail. Quel est ton rapport au papier et à l’impression ?
Je suis depuis très longtemps attaché aux matériaux qui aident à mettre en valeur le travail artistique en général. Avant d’être photographe j’ai travaillé dans une maison d’édition de livres sur la nature très attachée à la résonance entre les œuvres imprimées et les matériaux choisis pour les mettre en valeur. Je passe beaucoup de temps à choisir mes matériaux d’impression.


Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui débute dans ton domaine ?
Il faut commencer par se faire une culture du sujet que l’on photographie, le premier outil de travail que j’utilise sur le terrain est une paire de jumelles et ensuite si les conditions le permettent je m’engage dans une séance de prise de vues. Il y a bien sûr les lectures qui sont importantes aussi car elles donnent de la profondeur aux messages que l’on construit autour des photos. Ensuite il faut se forger un style, trouver des partis pris dans sa manière de photographier pour essayer de donner de la personnalité à une série de clichés, de sorte qu’elle ai une certaine originalité et qu’elle raconte une histoire.
Peux-tu nous parler de tes prochains projets ?
Je travaille actuellement sur un projet lié aux glaces avec deux autres personnes. Cela sera comme à mon habitude des regards croisés sur un sujet, j’adore travailler en équipe.
Je ne peux pas en dire plus pour le moment.
Merci à Olivier de nous en avoir dit un peu plus sur sa pratique photographique. Que vous soyez photographe en herbe ou simplement curieux de nature, l’approche d’Olivier Larrey invite à ralentir, observer et ressentir. Prenez le temps de regarder autour de vous, d’écouter le silence, de lire, de marcher — puis de déclencher. Car derrière chaque image forte, il y a une intention, une émotion, et souvent, beaucoup de patience. À vous maintenant de raconter, à votre manière, la beauté du vivant, si cet entretien vous a inspiré.

Olivier Larrey
Depuis l’enfance, Olivier est passionné par le Grand Nord. Sur les genoux de sa grand mère, il a découvert la faune de l’arctique alors qu’elle lui lisait les carnets illustrés de Paul-Emile Victor. Morses, ours, phoques et aurores boréales ont nourri ses rêves et inspiré ses projets.