Un 24-70mm F2.8 est au sac photo ce qu’un petit four est au cocktail de mariage… un indispensable !
Cet objectif est l’outil multi-usage par excellence, on entend parfois la dénomination «trans-standard», ce qui est pour le moins une appellation très équivoque: ça va du standard au standard, tant en terme de focale qu’en terme d’ouverture. On pourrait s’amuser à l’appeler «trans-normal», «classico-tradi», «centro-neutre»… Mais derrière ces appellations fades, se cache un outil diablement efficace, prêt à tout et d’une grande polyvalence. Une optique parfaitement calibrée
pour le reportage.
Moi qui utilise un objectif 20mm pour 80% de mes photos de reportage depuis maintenant 4 ans, pourquoi me suis-je imposé cet essai en conditions réelles? La réponse vient d’une autre question:
«Pourquoi abandonner le 24-70 il y a quelques années, pour passer à l’optique fixe?». Et bien, c’était par soucis de poids, d’encombrement, d’ouverture, et surtout pour contrer ma paresse naturelle à zoomer plutôt que me déplacer. Mais après quelques années à couvrir les mariages exclusivement avec des optiques fixes, j’ai ressenti l’envie de réessayer le zoom «normo-normal». Parce que j’avais la sensation parfois de
passer à côté de plans où mon 20mm s’avérait trop large, ou parce que je n’avais pas le temps ou la possibilité de me déplacer pour bien cadrer l’action. Et aussi parce qu’il faut toujours se questionner sur ses habitudes.
Mon envie: être davantage «sur le coup». Ma peur: moins bouger.
Le jour du mariage
L&A se sont mariés à Pau et au Clos Mirabel – domaine qui nous avait déjà accueilli pour le test du 105mm macro DG DN | Art.
J’avais décidé au préalable d’avoir en priorité sur mon appareil le 24-70, et le 135mm SIGMA ART en bandoulière. Dans mon sac pas loin, le 20mm SIGMA ART et le 50mm SIGMA ART, mes objectifs habituels, patientaient en se demandant ce qui leur arrivait (oui les objectifs ART pensent!).
Voici au final la répartition par objectif des photos livrées.
20mm : 31,7% des photos
24-70mm : 44,7% des photos
50mm : 15,8% des photos
135mm : 7,8% des photos
On voit ici que près de la moitié des images ont été réalisées avec le 24-70 mais qu’un tiers restent faites au 20mm. Si on regarde les statistiques par focale, on constate que près de 50% des images faites au 24-70 ont été faites à 28mm ou en-dessous, 25% entre 30mm et 50mm, et 25% entre 50mm et 70mm. Si mon style d’image est resté grand angle j’ai manifestement bien utilisé la polyvalence de cet objectif.
Utilisation
Dès la prise en main, j’ai senti que j’avais là un objectif solide, fiable, et encore une fois d’une très grande qualité. J’ai été agréablement surpris par le poids et la taille de cette optique, le 24-70 à des mensurations tout à fait raisonnables.
La distorsion à 24mm est très contenue; la mise au point est rapide; et ce qui est très agréable à l’usage: la course de la bague entre 24mm et 70mm n’est ni trop courte (ce qui permet d’être précis), ni trop longue (ce qui permet d’être rapide). L’ouverture à 2.8 est largement suffisante dans toutes les circonstances, et c’est d’ailleurs l’ouverture que j’utilise par défaut même sur mes objectifs 1.4. La qualité est présente dès la pleine ouverture, et le passage de 24 à 70 ne présente aucun assombrissement ce qui est le signe d’une VRAIE ouverture 2.8 constante. Évidemment une ouverture à 2.8 propose plus de profondeur de champs qu’une ouverture à 1.4, mais : D’une part en situation de reportage, plus de profondeur de champs permet plus de lisibilité quand on construit ses photos dans la profondeur, D’autre part, et ce que je n’avais pas anticipé, c’est que l’on obtient un bokeh «pleine ouverture» à 2.8 avec un joli velouté et une profondeur de champs déjà conséquente! C’est un point qui m’a beaucoup plu et qui me donne même envie de tester un 24-105 f4!
Lors des moments intenses, qui nécessitent de la rapidité tout en variant les axes et valeurs de plans (habillage, échange des alliances, sortie des mariés, bouquet…), le 24-70 se révèle être un allié précieux voire indispensable, permettant de passer rapidement d’un plan large à un plan serré en un mouvement de poignet. J’ai rapidement pris l’habitude de varier les plans de cette façon. Toutefois, mes mauvaises habitudes ont vite repris le dessus, et lors des moments plus «tranquilles», où nous avons normalement le temps de composer, j’ai vite eu tendance à zoomer plutôt qu’à chercher un meilleur point de vue… Le 24-70mm f/2.8 SIGMA ART, est tellement «confortable» qu’il m’a été dur de m’en séparer. Pourtant au bout de quelques heures de reportage, j’ai préféré le laisser de côté dans les moments tranquilles, pour reprendre mon fidèle 20mm et me confronter à la dure réalité d’une focale ultra-courte m’obligeant à être plus actif.
Au final, le 24-70 m’a permis de couvrir très efficacement les moments intenses et je pense le conserver pour ces moments là. Sa qualité et sa construction permettent de l’associer parfaitement aux autres objectifs de la gamme ART. Bien sûr, d’autres photographes, plus «sérieux», moins «fainéants», pourront en avoir un usage permanent sans soucis, il est idéal pour cela. N’avoir que lui est largement suffisant, et permet une grande souplesse et une grande créativité! Mais en ce qui me concerne, le 24-70 f/2.8 SIGMA ART est trop facile, trop sympa avec moi, et j’ai besoin d’être bousculé. Je le garde, mais uniquement pour les moments de grande intensité où j’ai besoin qu’il me fasse faire des miracles!