C’est un document exceptionnel que nous permet de vous partager aujourd’hui Jean-Pierre Rieu. Un carnet de voyage qui impressionne par ses images, à couper le souffle, mais également et surtout par la passion qui transpire de ce témoignage. Avant de continuer la lecture, et parce qu’un tel récit attise forcément la curiosité et suscite l’envie, nous souhaitions vous alerter au sujet de cette pratique qu’on appelle l’Urbex : une pratique dangereuse, encadrée par ses pratiquants et les règles qu’ils se sont imposées au fil des années. Compte tenu des dangers encourus, nous vous dissuadons de vous lancer dans cette activité. Si jamais vous décidiez d’ignorer cet avertissement et de pratiquer à votre tour l’urbex, nous vous invitons à consulter les ressources suivantes pour en savoir plus et pratiquer cet art en sécurité, dans le respect des lieux visités :
https://urbexsession.com/les-regles-lurbex
https://www.radar.st/archives/urbex/regles
Les photos de cet article ont été réalisées avec le SIGMA 12-24 mm f/4,5-5,6 II DG EX HSM. Un objectif désormais discontinué et remplacé par les grands angles suivants, dotés d’un autofocus et de formules optiques améliorées :
12-24mm F4 DG HSM | Art : L’utra-grand angle pour reflex
14-24mm F2.8 DG HSM | Art : L’ultra grand-angle ultra-lumineux pour reflex
14-24mm F2.8 DG DN | Art : le zoom ultra grand angle version hybride, disponible en montures Sony Type E Plein-Format et L-Mount
Je pratique la photo Urbex et je fais chaque année des voyages à l’étranger afin d’assouvir ma passion de la photo à la recherche de lieux abandonnés. Je suis parfois confiné dans une petite pièce et d’autres fois à l’intérieur d’un immense hangar, il me faut donc un objectif qui convienne à toutes ces situations. C’est pour cela que j’ai choisi le SIGMA 12-24 F4.5-5.6, Il est mon objectif photo principal et était donc dans mon sac photo lorsque je suis allé avec mes amis faire une exploration dans des hangars abandonnées de Baïkonour, là où dorment depuis plus de trente ans les vestiges de la conquête spatiale RUSSES durant la guerre froide.
Pensant que les Américains avaient construits leurs navettes spatiales à des fins d’espionnage, les Russes se sont lancés à corps perdu dans un projet similaire. Le projet démarra dans les années soixante-dix et la première navette réussi un vol orbital le 15 novembre 1988. Après deux révolutions autour de la terre, la navette atterrit en automatique. Mais ce projet a couté des sommes astronomiques et il ne résistera pas à la situation économique et politique de l’URSS. En 1993 Boris Eltsine enterre le programme. Les portes se referment sur un pan d’histoire et les bâtiments sont abandonnées tels quels.
Septembre 2018, la nuit tombe et nous nous rapprochons des hangars… Inutile de vous dire ce que nous avons ressenti lorsque nous avons pénétré de nuit dans cet immense hangar et que nous avons découvert les navettes dans la pénombre …
Le jour se lève, me voilà prêt à passer la journée à photographier cet immense hangar avec les deux navettes. Posé sur mon trépied, le Sigma 12-24 sur mon Nikon D610, je choisi cet angle car je trouve la scène très graphique avec la navette OK-ML-2 au premier plan mettant en valeur toutes les structures de cet immense hangar. Il y a en fait deux navettes dans le hangar MZK et celle que l’on voit ici au premier plan (OK-MT rebaptisée OK-ML-2) est en fait une navette de test. Equipée de réacteurs et d’appareillages électroniques elle devait bruler en entrant dans l’atmosphère.
Placé dans un étage supérieur la focale de 12mm me permet de photographier le hangar dans sa totalité. La focale est ici idéale pour ne rien perdre du spectacle et il n’y a aucun problème de distorsion.
Bien à l’horizontale et à 12mm, les lignes de fuites rendent bien compte des dimensions du hangar qui mesure 132 mètres et 62 m de haut. A l’arrière, la porte mesure quant à elle 42 m de haut pour 36 m de large.
J’aime bien la navette sous cet angle, la photo est dynamique. Le Sigma 12-24 ne déforme pas les perspective et le rendu est fidèle.
Placé sur le pont j’ai une vue plongeante sur les deux navettes. On a du mal à penser que cela fait plus de trente ans qu’elles dorment ainsi.
La navette OK-1.02 était la deuxième navette d’une série de 5. Elle mesure 36 m de long et 16m de haut. A ses pieds, on se sent tout petit et l’on ressent toute l’histoire du lieu.
Le cockpit de la navette a perdu tous ses instruments de contrôle, et c’est en passant par le petit sas au fond que j’ai fait pu venir faire cette photo des entrailles de la navette.
La navette OK-1.02 qui avait aussi pour nom « Ptichka » (petit oiseau en Russe) était achevée à 95% quand le projet Energia-Bourane a été arrêté en 1993. Il ne restait plus qu’à assembler quelques appareils électroniques. Elle était la seule navette équipée du système de survie de l’équipage, le précèdent vol ayant été fait en pilotage automatique. Son premier vol était prévu pour 1993 pour rejoindre la station MIR.
Vu de dos la navette semble petite dans l’immensité du hangar. Les déformations du 12-24 sont contenues et l’activation du profil de correction de l’objectif de Caméra RAW suffit à rendre une telle image.
Vous imaginez bien que je ne pouvais pas quitter ce lieu sans me faire ce petit plaisir. Mais la nuit est là et nous allons dormir un petit peu avant de sortir de ce hangar pour rejoindre une centaine de mètres plus loin le hangar tout en hauteur ou dort la fusée Energia qui avait été conçu pour mettre sur orbite les navettes.
Au petit matin, je suis comme un enfant devant un arbre de Noël. En silence je lève les yeux et contemple la fusée. Il fallait bien un tel objectif avec un tel angle de champ pour avoir cette vue d’ensemble.
Dès que le 12-24 n’est plus à l’horizontale, il fait ressortir tout le dynamisme du décor. L’immersion dans l’image est totale. Le lanceur Energia M n’a jamais été utilisé et ce lanceur est en fait un prototype d’essais. Il mesure 50,5 m de haut.
Au fur et à mesure que je gravi les étages, je découvre une nouvelle partie du lanceur. Une découverte à chaque palier.
Allongé sur le rebord, l’appareil photo tenu à bout de bras afin de capter la scène dans le meilleur axe possible, le 12-24mm m’offre un bel angle permettant de couvrir toute la structure.
Le hangar est gigantesque, graphique… A lui seul il vaut le détour.
Je me suis placé au plus haut, dans l’axe du lanceur et malgré les ouvertures en face il n’y a pas de problème de flare. Une véritable plongée dans l’histoire aérospatiale Russe.
Avec cette vue plongeante désaxée je trouve que l’on se rends encore plus compte des dimensions. Au niveau du sommet de la fusée qui mesure 50m, sur la plateforme, on peut voir (en regardant bien) une personne les bras écartés… Les proportions sont données. La focale de 12mm est ici idéale, il ne fallait pas plus… Ni moins.
Retour au sol pour cette contre plongée qui permet d’avoir une vue sur le réacteur. La nuit ne va pas tarder à venir et nous allons dans le bâtiment attenant à celui-ci pour notre dernier dîner à Baïkonour et aussi notre dernière et courte nuit car demain avant le lever du jour il nous faudra repartir tout aussi discrètement que nous sommes venus.
A propos de l’auteur :
Photographe autodidacte, c’est avec la photographie Urbex que ma passion pour la photographie a pris autant de place dans ma vie. Je fais chaque année des voyages à l’étranger à la recherche de lieux abandonnés en essayant, le temps d’une photo, de leur redonner vie. J’aime le clair-obscur, jouer avec l’ombre et la lumière pour raconter ces histoires.
Mais, curieux de tout, je fais aussi entre autres des portraits « calés » où je prends en photo une personne tenant devant son visage une photo d’une partie d’un autre visage. Tout cela sans trucage, la photo est faite en une prise. J’ai eu avec ces séries des parutions dans des mensuels. https://www.jeanpierrerieu.fr/portraits/
Mais c’est vraiment la photo Urbex qui me passionne et qui a fait qu’en septembre 2018 mes amis et moi avons décidé de partir au Kazakhstan et faisant une halte en Hongrie puis en Ukraine pour visiter Pripiat, la zone d’exclusion de Tchernobyl. Pour Baïkonour, j’ai même fait une visite virtuelle des lieux. Si vous voulez vous retrouver au milieux des hangars c’est par ici www.jeanpierrerieu.fr/visites-virtuelles/
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3 commentaires sur “Jean-Pierre Rieu – Hangars abandonnés de Baïkonour”
Hombre,
Moi qui suis pourtant un habitué de la langue. Je me trouve à court de superlatif pour cette série !
Putain que c’est trop bon ! Chapeau , sigma c’est bien mais fallait jp Rieu derrière.
Magnifique reportage !!
Effectivement il fallait une tel optique ,pour pouvoir embrasser ces gigantesques chefs-d’œuvre humain !!
bonjour je m’appelle Dominique je suis photographe amateur c’est une bonne passion qui m’a fait voir les choses qui m’entoure différemment , et de voir ces photo , j’en reste sur le cul ,c’est absolument superbe ! j’ai un 10/20 mm Nikon mais je n’ais fait que du paysage ! ces photos me donne envie de faire autre choses , c’est vraiment superbe merci !!