Çà y est c’est décidé, je partirais un jour avant cette importante réunion. Pour 24 heures de photo à Shanghai. Dans mon sac : un Nikon D810, un SIGMA 24mm F1.4 Art et un 50mm F1.4 Art. Quand je voyage, je prends rarement plus de 2-3 objectifs, histoire de la jouer simple et rester léger.
Avant de commencer, vous voulez peut être en savoir un peu plus sur moi. Je suis directeur créatif et conçoit des produits numériques le jour, et quand ma journée de travail est terminée, souvent très tard le soir, j’aime me balader pour photographier la rue avec une ou deux focales fixes. C’est une habitude que j’ai prise à Tokyo, à l’époque où j’y travaillais. Shooter après le coucher du soleil était plus la conséquence de ce rythme de l’époque qu’un choix. J’ai alors appris à apprécier chaque moment de temps libre que j’avais et à m’employer à l’utiliser pour pratiquer mon activité artistique préférée.
A peine atterri à l’aéroport de Pudong, direction l’hôtel pour déposer toutes mes affaires et vite foncer au Bund pour absorber tout ses néons. J’ai d’abord joué de la pose longue avec le 24mm avant de passer au 50 pour prendre quelques portraits. Mon préféré est celui de ces trois garçons en train de traîner et fumer devant le drapeau chinois, avec toutes ces lumières vives qui inondent le cadre. Cette berge est tout simplement le paradis pour les photographes de rue. Les lumières sont folles et il s’y passe tellement de choses ! Personne ne se soucie de moi, et je peux me fondre dans la population pour déclencher et ramener des scènes plutôt cools.
Après une heure de photo, je décide d’aller retrouver un très bon ami qui nous a trouvé un plan pour une soirée complètement folle à La Bota, au 18 Maojiayun Lu. On pousse les ISO à 6400, on passe au 24mm, un verre de vin dans une main, le boîtier dans l’autre. L’autofocus du 24mm assure sur quasiment toutes les photos avec le mode group-area AF du D810.
Le jour suivant, la tête tourne encore un peu à cause de tout ce vin espagnol mais je me motive à me sortir du lit pour aller faire un tour aux jardin Yuyuan. Ce n’est pas le spot à touriste qui m’intéresse mais les alentours où on peut trouver de très vieux bâtiments et une vie de quartier unique. J’ai pour habitude de monter un niveau sur ma griffe flash pour garder l’horizon droit quand je shoot à la volée. C’est la solution que j’ai trouvée pour prendre des photos sans que mes sujets me fassent signe d’arrêter ou de prendre la pose.
C’est l’heure du déjeuner et je m’envoie quelques xialongbao dans un restaurant du coin après les avoir photographié au 50mm. En sortant, je croise ces deux jeunes filles en train d’acheter ces longues brochettes de fruits nappés d’une espèce de sucre. Je ne peux pas m’empêcher de les photographier et je crois qu’elles s’en sont rendu compte d’après son regard !
Je m’engouffre rapidement dans le métro de Shanghai direction Changshu Road pour une petite virée le long de la Concession française de Shanghai. C’est un endroit superbe où se baladent les jeunes branchés et où l’on trouve énormément de cafés. Je m’en trouve un tranquille avec des petits sièges qui donnent sur la route pour boire un coup et regarder les gens passer. Après quelques minutes, un couple surlooké passe devant moi et je leur demande alors si je peux prendre leur portrait. C’est avec un grand sourire qu’ils ont accepté. J’adore tirer le portrait d’étrangers quand je voyage. C’est très grisant et parfois même l’occasion de se faire des amis. Le 50mm est mon préféré pour le portrait. Joli, piqué, et un excellent contraste dès F1.4 ou F2.
Je décide de lâcher un peu l’appareil pour faire un break et profiter du moment avec mes amis le temps d’un repas. C’est ma dernière image avant que le boîtier ne reparte dans le sac. Cette scène avec cette jeune fille qui surveille son téléphone m’a sauté aux yeux, c’était juste parfait. La lumière était elle même parfaite et comme d’habitude, le 50mm F1.4 ne m’a pas déçu sur la mise au point.
Une fois le repas terminé, c’est déjà le moment de repartir faire des images. Partons explorer les ruelles de Nanjing Road. Nanjing Road est une rue gigantesque, aux lumières éblouissantes, où des vendeurs vont te harceler pour acheter des babioles en plastique ou monter pour un massage dans un lieu glauque. Je les ignore et, attiré par la lumière des néons, j’observe ce qui se passe dans les coins et les fenêtres où on ne pense jamais à regarder. Je passe du 24mm pour les plans bien larges des ruelles, au 50mm pour le candid à travers les fenêtres ou comme avec ce chef et son wok enflammé en pleine rue .
J’adore parler matos mais j’essaye de ne pas trop me perdre là dedans. Ce qui compte c’est d’apprécier le moment, de m’imprégner de l’ambiance du lieu que je visite et d’apprendre des choses. La photo n’est pas toujours une activité solitaire et je prends surtout mon pied quand je suis avec mes amis, ou que j’ai la possibilité de prendre des photos où que je sois. C’est pourquoi j’aime que mon sac photo soit le plus simple possible quand je voyage, sans m’encombrer de trop de matériel. Si je me prends la tête pour savoir quel objectif fonctionnera pour tel sujet, je ne suis plus dans l’instant et je rate la photo.
Merci à Jon de nous avoir emmené avec lui pour ce trip à Shanghai ! Si vous n’avez pas eu votre dose de neon et de couleurs fluo, rendez-vous sur son site ou sa page flickr pour découvrir son travail.